Womersley © Albin Michel 2012 |
Quinn n’a pas tué sa sœur et lui seul connaît le vrai coupable. Persuadé que s’il se montre devant son père, ce dernier ne voudra jamais le croire, il se terre dans les collines. C’est là qu’il rencontre Sadie, une orpheline vivant dans les bois. Cette drôle de gamine semble en savoir beaucoup sur son passé et cherche absolument à le convaincre de venger la mémoire de sa sœur...
Les affligés est un roman au titre particulièrement bien choisi. Les personnages et les lieux décrits semblent frappés par les pires tourments. La force d’évocation de l’auteur est proprement sidérante. Alternant les flashbacks et le présent, Chris Womersley donne à son récit des élans de tragédie. Entre les phases contemplatives et les scènes douloureuses, il créé une atmosphère suffocante et entraîne le lecteur vers une fin que chacun sait inéluctable. Parce qu’il est question de vie, de mort, de famille, de guerre, de maladie et de vengeance, ce récit touche à l’universel. Revenu chez lui pour rendre la justice, Quinn ne croit plus à une quelconque rédemption : « Dieu ne nous surveille pas. Je crois que nous sommes livrés à nous- mêmes. Rien n’a d’importance... [...] Il en a fini avec nous il y a longtemps. Il nous a abandonnés. » Vagabond défiguré arpentant les collines comme un fantôme, il va enfiler les habits de l’ange de la mort (titre de la dernière partie) pour tenter, enfin, d’apaiser son âme.
Le final, crépusculaire, vient clore en beauté un roman plein de souffle, à la fois sombre et, par bien des aspects, tout à fait lumineux.
Les affligés, de Chris Womersley, Albin Michel, 2012. 320 pages. 20 euros.
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